« En tant que vertigologue, je m’efforce de rassurer les patients lors de la première consultation. On peut mener une vie parfaitement équilibrée avec un vertige. Je pose des questions simples. Regardez-vous de chaque côté avant de traverser ? Vous relevez-vous en deux temps, prenant d’abord appui sur le rebord de la table ?
Eh bien, vous voyez : votre vertige est un allié. Il vous prévient. Il anticipe avec vous. Il met ses pas dans les vôtres, et son tremblé est votre assurance.

Avant votre vertige, vous marchiez sans y penser, sans vous en inquiéter. La crotte de chien était pour vous. Désormais, vous regardez. Sur un trottoir, vous sentez vos talons, vous utilisez le bout du pied, tous les orteils, pour pousser au décollage. Cela va jouer sur l’articulation de la cheville, la musculature des cuisses, le positionnement du bassin, donc réaligner naturellement vos vertèbres.

Un vertige, si l’épisode vertigineux ne se prolonge pas indéfiniment, ne devient pas incapacitant. Il pourra même devenir avantageux pour votre vie future. Aimez votre vertige. Adoptez-le plutôt que d’aller contre. Parlez-lui. Entretenez une conversation. Les médias ont beaucoup effrayé avec le grand vertige à fleurs jaunes des Canaries, mais ces toxiques sont rarissimes. En consultation, j’ai moins de trente cas mortels par semaine. Et je parle là de notre période de pleine épidémie. »

— Pr Jean Robert Legenou, professeur des universités, praticien hospitalier, chef de service en maladies infectieuses CHU, expert permanent Models, Methods, Algorithms in Biology and Health, directeur de recherches au CNRS pour les maladies d’inoculation type morsure, membre honoraire de nombreuses sociétés savantes