La réduction des activités physiques forme une pathologie à part entière, car souvent le patient qui souffre de vertiges ne s’autorise pas à poursuivre des pratiques sportives pourtant bien ancrées. Peur d’un éblouissement, peur de la chute, peur de manquer son tir et que le ballon passe à côté de la cage, peur du ridicule en titubant, peur de décevoir, déciment les fédérations et les clubs, autant que les dimanches et soirées. Chez les polytraumatisés, le vertige a produit des successions d’empêchements qu’il contemple avec la terreur de qui a aligné trois cents sucres en morceau, serrés, sur plusieurs lentes spirales, et qui sait qu’un faux mouvement verra tout basculer. Quand un proche lui présente un ballon jaune, une paire de baskets série numérotée, un short, le cœur n’en bat pas plus fort la chamade : il demande à quelle heure commencent les séries, ou s’il a reçu un message. Il temporise. Même le beach-volley ne le fait pas saliver. C’est une des séquelles les plus difficiles à combattre. Beaucoup ne se relèveront pas. Le canapé persistant guette, avec sa geôle psychique d’accoudoirs et sa tablette latérale ou trône une paille dans un verre de soda.