La faillite s’est démesurément poursuivie
Chacun a connu, dans son entourage, une personne, très bien, parfaitement intégrée, qui du jour au lendemain se mit à souffrir d’un vertige par absence d’oiseau.
Parfois : nous étions celle-ci ou celui-là.
Parfois : nous étions celle-ci ou celui-là.
Le vertige par absence d’oiseau se caractérise par une sensation de vide, croissante, qui se développe au-dessus d’une ligne d’horizon à hauteur des yeux. L’appareil auditif – cela a depuis été largement démontré – est particulièrement impliqué dans le phénomène. Car lorsque le vide se déploie, et avec lui l’angoisse, l’oreille se met à analyser le froissement des feuilles dans les branches, le glissé d’un sandwich sur le goudron et ses miettes, le torrent tintinnabulé d’un voisin qui arrose ses fleurs. Cette attention extrême portée à des endroits précis, au sol et dans les hauteurs proches, tandis que le regard absorbe l’immensité vide du ciel, force un traitement paroxystique des informations contradictoires : la nausée monte, le cœur tourne, le pas flanche. La chute est proche.
Nous les retrouvions, pâles et abandonnés, sur de pauvres bancs en bois, parfois conchiés de longue date, la fiente sèche, qu’ils grattaient du bout de l’ongle.